Ememem ? C’est un nid-de-poule qui en parle le mieux :​

« Salut ! Moi c’est « 312 », le nid-de-poule du coin de la rue. Oui, je connais Ememem, c’est l’artiste-chirurgien qui m’a soigné. C’est lui qui m’a baptisé aussi. Avant, j’étais personne. Maintenant, je suis bien plus qu’un numéro de série : il m’a rendu unique et même célèbre dans le quartier !

Ememem, vieux frère… Je peux vous parlez de ses pansements pour trottoir et de son histoire, mais j’ai juré de ne rien dire sur son identité, il y tient.

Tout à commencé dans une traboule lyonnaise en 2012. Une rue sombre et déglinguée où j’avais plein de copains. Le gars y avait son atelier d’art contemporain. Il cherchait, expérimentait, tâtonnait, ne trouvait rien qui l’excitait vraiment. Puis un jour, à l’entrée, il a cicatrisé les entailles du bitume et collé des chutes de céramique dans les blessures du sol et des murs. Ça brillait partout, ça faisait vibrer les copains, il était sur la voie ! Puis il a changé d’atelier. Là, c’est une famille de nids-de-poule géants qui l’accueillait chaque matin,

alors avant de se vautrer dedans, il a empoigné une truelle et s’est mis à confectionner un pansement sur mesure. Un manteau haute-couture greffé à même l’asphalte. Le premier flack était né. Il s’était passé un truc. Le gars a compris qu’il allait passer le reste de sa vie à s’exprimer dans les trous et les trucs cassés ! Il a commencé à en faire un autre, puis un autre, et un autre… C’est là qu’il a choisi l’anonymat et pris son blase : Ememem, qui vient du bruit de sa mob quand il part en mission.

Le flacking, c’est un acte d’amour vandale

Comme tout vandale, il se devait de se prémunir contre la loi qui punit les raccommodeurs de bitume. Ah non, il n’y a pas de délit de rebouchage de trou. Mais à l’époque le chirurgien du trottoir ne le savait pas. Dans le doute, il a préféré se faire discret. Très vite il est rentré dans le rôle et il a inventé un mot pour parler de cette nouvelle maladie obsessionnelle et compulsive du sauvetage de nids-de-poule : le flacking. Ça vient du mot flaque, avec ce petit suffixe à consonance anglaise tellement à la mode. Le flacking, c’est un acte d’amour vandale. Une réparation gratuite et low tech, qui sublime nos blessures, notre intimité. Chez les nids-de-poule, on a tous en commun une blessure, mais on est tous différents. Mes frères aux pieds des poteaux anti-stationnement se font scalper net par un pare-choc aventureux. Moi j’ai souffert plus longtemps sous le passage à répétition du camion benne qui a fini par m’arracher la peau. 

D’autres copains sont creusés de rage dans des manifs où leur chair devient projectile contre les forces de l’ordre. On a tous notre histoire. Ememem le sait. Il nous comprend. Il nous rend notre intégrité. On porte la marque d’un traumatisme mais on l’assume fièrement. On est plus fort, on relève la tête, on regarde vos semelles bien en face et on peut sourire à nouveau. On est nombreux maintenant on se transforme un peu en carnet de mémoire de la ville. On commémore les petits et les grands événements de la rue. Parfois, on change la journée des passants qui nous remarquent ! Certains se disent même que finalement, la vie, c’est pas si dégueulasse… Alors le raccommodeur de bitume, comme on l’appelle entre nous, poursuit sa folle quête en faveur des rues plus folles et moins mornes. Partout où il va, c’est plus fort que lui, il nous repère, il nous écoute et il nous soigne. Depuis 2016, des centaines de flackings sont nés partout en France et dans le monde.

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Pour les baladeurs :

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Côté Rézo :

Costards-cravate et manteaux de fourrure :

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